Face au ralentissement, des pays comme les Etats-Unis ou l'Espagne, lancent des mesures de soutien à l'activité
Aux Etats-Unis, où les prévisions de croissance pour 2008 varient, selon les différents experts, entre 0,5 % et 1,4 %, l'administration Bush et le Congrès, à majorité démocrate, se sont entendus fin janvier sur un plan de relance d'un montant total de 168 milliards de dollars. Avec un déficit autour de 3 % du produit intérieur brut (PIB), " l'état des finances publiques autorise cette politique ", estime Olivier Bizimana, analyste au Crédit agricole. Mais même si le déficit avait été plus fort, " le gouvernement n'aurait pas hésité à le creuser car il s'agit de mesures ponctuelles, définies par l'urgence ", dit-il. Ce plan repose sur des incitations à l'investissement pour les entreprises et sur des allègements d'impôts pour les ménages, qui recevront dès le mois de mai un chèque du fisc de 600 à 1 200 dollars par foyer. Mais pour le Prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz, qui s'exprimait le 10 avril sur une chaîne de télévision américaine, ces mesures " ne sont qu'une goutte dans un seau d'eau ". " Il est trop tôt pour parler " d'un autre plan de relance réclamé par les démocrates, a déclaré lundi 7 avril un porte-parole de la Maison-Blanche, qui mise sur une reprise de la croissance courant 2008.
Si les experts estiment que l'Union européenne (UE) résiste pour le moment à la crise, certains Etats ont déjà été contraints de prendre des mesures de relance. En Espagne, où les prévisions de croissance pour 2008 s'établissent entre 1,8 % et 2,4 %, le nouveau gouvernement a adopté le 18 avril un plan de 18 milliards d'euros sur deux ans destiné à contrer la décélération que connaît l'économie après dix années de forte croissance. 400 euros d'impôt sur le revenu vont être restitués aux contribuables, pour un coût estimé à environ 6 milliards d'euros en 2008. Les ménages les plus endettés vont pouvoir allonger, sans frais, la durée de leur crédit immobilier et ainsi réduire le montant des mensualités. Le gouvernement a aussi annoncé l'accélération du programme de grands travaux d'infrastructure et la construction de 150 000 logements sociaux par an. Le gouverneur de la Banque d'Espagne, Miguel Angel Fernandez Ordonez, a jugé que le plan mettait " en danger les excédents des comptes publics ". Mais pour le gouvernement, l'excédent record de 2007 (23,36 milliards d'euros) donne une " marge de manoeuvre importante ".
La France ne dispose pas de telles marges. L'objectif fixé pour le déficit public est de 2,5 % en 2008, des experts redoutant même un dérapage vers les 3 %, limite fixée par le Pacte européen de stabilité. La croissance devrait s'établir entre 1,4 % et 2 %, selon différentes estimations. Mais aucun plan de relance n'est prévu. Au contraire, un programme d'économies budgétaires basé sur la Révision générale des politiques publiques (RGPP) doit se traduire par 7 milliards d'euros d'économies à l'horizon 2011, auxquels s'ajouteront de nouvelles mesures qui devraient permettre d'" arriver à un total de 13 à 15 milliards d'euros " d'économies, a déclaré le ministre du budget, Eric Woerth.
En Allemagne, où le budget public (Etat fédéral, régions, communes et Sécurité sociale) est revenu à l'équilibre en 2007, la préparation de la loi de finances pour 2009, année des élections législatives, provoque de vives tensions au sein de la grande coalition au pouvoir, écartelée entre consolidation budgétaire et " cadeaux " électoraux.
Francine Aizicovici