AU PREMIER trimestre 2008, vingt-deux grands établissements bancaires américains et européens ont à eux seuls perdu 64 milliards de dollars. Sur les neuf derniers mois, le montant atteint 232 milliards de dollars, a calculé la banque japonaise Nomura dans une note publiée lundi 21 avril, qui estime que " de nouvelles dépréciations d'actifs sont en réserve et que la crise financière n'est pas encore finie ". Les banques ont été sommées par les ministres des finances et les gouverneurs des banques centrales des pays du G7, réunis vendredi 11 avril à Washington, de faire la lumière en cent jours sur leur exposition aux prêts hypothécaires américains à risque, sur leurs " instruments complexes et non liquides " et sur leurs actifs détenus hors bilan.
Ces établissements sont ainsi contraints de renforcer leurs bilans en demandant de nouveaux fonds au marché. La Royal Bank of Scotland (RBS), deuxième banque britannique, a annoncé, mardi 22 avril, une augmentation de capital géante de 12 milliards de livres (15 milliards d'euros). La veille, l'assemblée générale d'UBS avait approuvé une augmentation de capital de 15 milliards de francs suisses (9,2 milliards d'euros), quatre mois après avoir déjà annoncé une opération similaire. Selon un comptage réalisé par Les Echos du lundi 21 avril, les recapitalisations annoncées par dix grands établissements américains et européens dépassent déjà les 120 milliards de dollars : UBS (27,7) figure en tête, suivie de RBS (24), Citigroup (22, + 5,9 annoncés le 22 avril), Merrill Lynch (11, + 2,5 annoncés le 23 avril), la Société générale (8,5), Wachovia (8), Washington Mutual (7), JP Morgan Chase (5,9), Morgan Stanley (5) et Lehman Brothers (4).
D'autres n'ont pas été en mesure de combler leurs pertes par le jeu du marché. Comme la banque Bear Stearns, reprise en mars par JP Morgan au terme d'un accord avec la Réserve fédérale américaine, où celle-ci s'engage à assumer l'essentiel des pertes potentielles sur les 30 milliards de dollars d'actifs les plus compromis de l'établissement. En février, le gouvernement britannique avait annoncé la nationalisation " temporaire " de la banque hypothécaire Northern Rock, après que la Banque d'Angleterre lui a avancé 25 milliards de livres (33,4 milliards d'euros) depuis septembre 2007. Et la banque publique allemande KfW a été appelée à la rescousse pour la troisième fois en février pour éviter la faillite de la banque IKB.
A. de T.