Le ralentissement aux Etats-Unis, confrontés au krach immobilier, pourrait contaminer l'Europe
La panne de la première économie mondiale, les Etats-Unis, et la crise financière commencent à se diffuser sur la planète, également confrontée à des poussées inflationnistes provoquées par le choc sur les prix du pétrole, des métaux et des produits alimentaires. " L'expansion mondiale ralentit face à une crise financière majeure. Le ralentissement est le plus marqué dans les pays avancés, en particulier aux Etats-Unis, où la correction du marché immobilier continue à exacerber les tensions financières ", note le Fonds monétaire international (FMI) dans ses prévisions publiées en avril, extrêmement pessimistes, où il n'attend plus qu'une croissance de 3,7 % à l'échelle mondiale cette année, soit 1,25 point de moins qu'en 2007.
L'épicentre de la crise se situe aux Etats-Unis, menacés d'entrer en récession au premier semestre - le terme de récession désignant deux trimestres consécutifs de décroissance du produit intérieur brut (PIB). Les indicateurs publiés depuis le début de l'année le laissent redouter. Au premier trimestre, l'économie américaine a perdu 232 000 emplois, le taux de chômage remontant de 4,8 % à 5,1 %. L'explosion de la bulle immobilière continue : " Depuis le deuxième trimestre 2006, la construction résidentielle a coûté environ un point de la croissance annuelle du PIB. Le niveau des stocks, le resserrement des conditions de crédit et les incertitudes économiques, qui pèsent sur la situation financière des ménages, montrent que la correction n'est pas terminée ", explique Philippe d'Arvisenet, directeur des études économiques de BNP Paribas, dans une note publiée en avril.
La conjoncture américaine se diffuse traditionnellement avec deux trimestres de retard en Europe. Le Vieux Continent est aussi confronté à une poussée subite de la hausse des prix, qui a atteint 3,6 % en rythme annuel au mois de mars dans la zone euro, au plus haut depuis 1992, menaçant la consommation, moteur de ces dernières années, au moment où l'immobilier souffre, notamment en Espagne. Dans la zone euro, après un début d'année moins mauvais que prévu, " la croissance devrait tomber à environ 1 % en rythme annuel au deuxième et au troisième trimestres, bien en dessous de la croissance potentielle ", estime Peter Vanden Houte, économiste de la banque ING dans une note d'avril.
Le retour de l'inflation frappe particulièrement les économies émergentes, la hausse des prix s'établissant à 8 % au premier trimestre en Chine et la Russie prévoyant une augmentation de 9,5 % cette année. La croissance des grands pays émergents, orientée vers les exportations, devrait fléchir tout en restant vigoureuse.
A. de T.