L’investissement sert de variable d’ajustement
Challenges, 26 février 2009

En cas de crise, les entreprises coupent plutôt dans leurs projets de développement que dans leur programme de dividendes.

"C’est typiquement une fausse bonne idée". Laurence Parisot, la présidente du Medef, n’est pas d’accord avec le partage en trois tiers du profit des entreprises (un tiers réinvesti, un tiers aux actionnaires, un tiers aux salariés). Pour elle, "il y a beaucoup de malentendus et de confusion sur le sujet". Afin d’y voir plus clair, Jean-Michel Cotis, le directeur de l’Insee, a été chargé par l’Elysée d’une mission d’analyse. Une bonne occasion de scruter la réalité des chiffres pour les sociétés du CAC 40, réputées généreuses avec les actionnaires. La dimension internationale de leurs résultats rend la part réservée aux salariés difficile à appréhender, mais en ce qui concerne le dividende et l’investissement, l’étude des comptes annuels permet de se faire vite une idée. P.-H. M.

Leçon n°1 : Prédominance
Contrairement aux idées reçues, les grandes sociétés dépensent toujours davantage pour leurs programmes d’investissements que pour la rétribution de leurs actionnaires. Pour l’exercice 2007, dernière année traitée par les bases de données comptables, les sociétés du CAC 40 ont consacré 77 milliards d’euros à l’investissement, contre 40 milliards pour les dividendes.

Leçon n°2 : Dissonance
Les actionnaires des entreprises du CAC 40 sont des enfants gâtés qui en demandent toujours plus. Depuis 1998, le montant de leurs dividendes a été multiplié par 6,6, sans compter les rachats d’actions. Dans le même temps, les profits ont " seulement " été multipliés par quatre et les investissements, par deux.

Leçon n°3 : Inconstance
Les capitaines d’industrie français manquent de persévérance, sauf lorsqu’il s’agit de soigner leurs actionnaires. La courbe des dividendes est bien plus régulière que celle des investissements. En cas de trou d’air, ils préférent reporter l’ouverture d’une usine que de réduire le dividende. Cela s’appelle le "court-termisme".